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  • La communion solennelle

    L'entrée en sixième marquait aussi l'année de notre communion solennelle. Je me souvenais bien des communions précédentes de mes trois frère et sœurs, qui avaient toujours lieu au mois de juin, mois de l'été qui arrivait, synonyme de grandes vacances. Au-delà de l'aspect religieux, la communion solennelle marquait vraiment une étape pour nous : elle symbolisait notre entrée dans l'adolescence, accompagnée des cadeaux qu'on nous faisait pour l'occasion. Il nous fallait attendre en effet la communion solennelle pour avoir sa première montre, sa première gourmette, et aussi, sa première chaîne au cou.

    Cette journée festive était préparée, pendant deux  semaines, au sein même de notre collège, avec tous les enfants concernés et un prêtre qui nous encadrait. Cette préparation, appelée la "retraite", était attendue impatiemment par les enfants, car nous n'assistions plus aux cours pendant ces quinze jours, afin de nous consacrer à notre communion. Nous étions dans des locaux annexes à ceux de notre collège, et nous passions notre journée à chanter, accompagnés par le prêtre à la guitare, à faire des randonnées pédestres ou des veillées : l'ambiance était très bon enfant, et les élèves étaient ravis de pouvoir échapper aux cours pendant ces deux semaines bénies !

    Nous nous entraînions aussi, dans l'église, à nous déplacer correctement, avec, l'avant-dernier jour, l'essayage de nos aubes. La mienne était un peu courte et usée, puisqu'elle avait déjà été utilisée par mon frère et mes deux sœurs, mais elle convenait pour la cérémonie et les photos qui s'ensuivaient.

    Le repas, après la cérémonie, était l'occasion, pour toute la famille réunie, de se retrouver au restaurant, ce qui n'arrivait quasiment jamais.

    Je garde un souvenir heureux de ces moments-là, où oncles, tantes, neveux, nièces, grands-pères, grands-mères et petits-enfants se côtoyaient dans un joyeux brouhaha, au milieu des rires et des chants, dans la grande salle du restaurant : elle s'ouvrait sur un jardin ombragé où les enfants jouaient, salissant leur belle tenue de cérémonie.

  • Le grand-père

    Avec nos parents, nous allions voir de temps en temps notre grand-père, qui habitait un petit village, à environ une dizaine de kilomètres de chez nous. Comme mes parents n’avaient pas de voiture, nous partions tous en vélo. Je m’asseyais à l’avant de son vélo de mon père, et mon frère s’asseyait sur le porte-bagages. Ma mère et mes deux sœurs faisaient la route avec leur propre vélo. Aller chez notre grand-père était toujours un moment excitant pour nous, car il tenait l’épicerie du village ; même si les boites de pâté qu’il vendait étaient parfois un peu avariées (les habitants ne vivaient pas très vieux dans la village !), nous ne pouvions nous empêcher d’aller discrètement dans  sa boutique pour plonger à pleines mains dans ses bocaux de bonbons, guimauves et autres carambars. S’il nous surprenait, il nous flanquait un coup de casquette sur la tête en grommelant : "J'vas te foutre un coup d'gâpette, dediou !".

    Le soir, au dîner, nous mangions … du pâté en boite ! (pas de soucis pour nous, on était vacciné depuis des années). En fin de repas, le grand-père nous jouait parfois un petit air d'accordéon, la seule richesse qu'il possédait : il avait appris à en jouer dans les tranchées, pendant la Grande Guerre (1914-1918), avec ses pauvres copains de galère, ouvriers ou paysans, chair à canon des généraux de l'époque.