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La poule et le lapin

Une fois par semaine, après le dîner, mon père tuait une poule ou un lapin, qu'il choisissait dans la volière ou le clapier de notre jardin. Il attachait la poule par les deux pattes et la suspendait à un arbre, tête en bas. Puis, il ouvrait le bec de l'animal et  enfonçait un couteau dans sa gorge : il le retirait ensuite d'un coup sec, ce qui tranchait la gorge de la poule et provoquait une mort rapide par perte de sang. La pauvre bête se débattait violemment au début de son agonie, essayait d'avaler son sang puis finissait par mourir, vidée de son sang.

Mon chat Ploum attendait patiemment près de la poule, humant le sang chaud qui s'écoulait, en sachant que, bientôt, il se délecterait des viscères fumants de l'oiseau. Une fois la poule morte, mon père la décrochait et mon frère et moi devions la plumer en la trempant régulièrement dans une bassine d'eau chaude pour nous faciliter la tâche. L'endroit le plus délicat pour arracher les plumes se situait au niveau du croupion, surtout quand la poule avait la diarrhée ! Une fois déplumé, l'animal passait dans les mains de ma mère, qui la vidait des ses viscères, qui allaient faire la joie du chat.

Pour la mise à mort d'un lapin, mon père procédait de la même façon : il le suspendait par les deux pattes arrière puis l'assommait d'un coup sec et violent derrière les oreilles. Un fois la lapin assommé, il lui arrachait les yeux avec un couteau, pour le saigner : le chat adorait déguster les yeux de lapin ! Puis mon père dépouillait l'animal, en partant des pattes jusqu'à la tête. Restait la phase la plus délicate pour mon père qui consistait à vider le lapin sans percer le pancréas de l'animal : il lui arrivait de vomir ensuite, car mon père était très délicat !

Nous étions habitués à ces mises à mort hebdomadaires, qui étaient la seule façon, pour nos parents, de nourrir correctement une famille de cinq enfants : ils n'avaient en effet pas les moyens d'acheter de la viande chez les commerçants du coin (les grandes surfaces n'existaient pas, à cette époque). Cette habitude de manger un animal venant directement de notre poulailler ou notre clapier, même si elle peut paraître très bio, voire bobo aujourd'hui, était le seul moyen de survie des familles ouvrières de l'époque.

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