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L'ouvrier et le patron

Mon père travaillait chez un artisan menuisier ébéniste du village, avec une dizaine de collègues. Ses conditions de travail étaient assez pénibles : un atelier rempli de poussière et de sciure (il n'y avait aucun système de ventilation), une chaleur épouvantable l'été, un froid infernal l'hiver, le bruit incessant des machines et surtout la présence du "patron" dans l'atelier, d'une humeur exécrable, transformaient souvent la journée de travail en journée de bagne. Les ouvriers travaillaient sans relâche sous la férule du maître des lieux, qui n'hésitait pas à licencier du jour au lendemain quiconque aurait osé braver son autorité. Il s'absentait de temps en temps de l'atelier, pour aller voir des clients avec sa belle DS 21 qui me faisait rêver : cela permettait aux ouvriers de souffler un peu, même s'ils devaient se méfier quand même de la "patronne" (l'épouse du maître), qui, de temps en temps, venait voir discrètement si ses ouvriers méritaient bien leur salaire ! L'atelier était en effet situé à une centaine de mètres du lieu d'habitation des "patrons". Ce lieu accueillait le couple patronal avec ses 2 enfants, mais aussi la grand-mère, et plus tard les petits-enfants du "patron" : toute cette belle famille était logée sous le même toit mais n'était pas assujettie à la même vie que les ouvriers qui travaillaient si près de leur domicile : en effet, aucune de ces personnes, sauf le "patron", n'exerçait une activité professionnelle. Une dizaine d'ouvriers suffisaient en effet à leurs besoins. La "patronne", dont le QI était inversement proportionnel à la somme d'argent gagnée sur le dos des ouvriers, disait parfois à ma mère, qui faisait ses courses à pied ou à vélo, avec un cabas rempli pour nourrir une famille de 5 enfants, que "l'ouvrier, aujourd'hui, est heureux". En effet, pendant cette période faste des "30 glorieuses" (de l'immédiat après-guerre jusqu'aux années 70),  l'économie française a tourné à plein régime, mais "l'heureux ouvrier" comme mon père gagnait un salaire misérable, devait aller travailler même malade (sinon, il n'était pas payé) et risquait le licenciement du jour au lendemain : j'ai toujours un sourire attendri quand j'entends notre personnel politique trop bien nourri parler avec regrets de cette période heureuse de notre histoire.

Commentaires

  • j'ai cru entendre quelque part
    "c'était mieux avant"... faut croire qu'on a la mémoire sélective.

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