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piqure

  • Soeur piqûre

    Tous les ans, à l'approche de l'hiver, nous tombions souvent malades ; quand un virus arrivait, il se transmettait facilement au sein de notre famille nombreuse. Dès que l'un de nous était fiévreux et toussait, le médecin prescrivait systématiquement, en plus du traitement par voie oral, une série d'injections intra-musculaires, c'est-à-dire des piqûres dans les fesses, avec une seringue ! Le virus nous alitait, mais notre fièvre augmentait en flèche quand on apprenait qu'on n'échapperait pas à la seringue !
    La préposée aux piqûres était la Sœur Anne, qui travaillait dans le dispensaire du village : nous la connaissions bien, puisque hélas, mes parents faisaient souvent appel à ses services. Dès qu'on entendait sa 2 Cv se garer devant chez nous, on commençait à transpirer à grosses gouttes sur notre lit de douleurs et d'angoisses !

    Caché sous nos draps, dans notre chambre, on entendait la Sœur déballer sa trousse médicale et en sortir une boîte métallique en fer blanc contenant une monstrueuse seringue. Consciencieusement, elle vissait une énorme aiguille sur cette seringue et la remplissait ensuite du liquide censé nous guérir ! Une fois ces préliminaires terminés,  elle prenait l'escalier pour accéder à notre chambre : chaque marche qu'elle montait nous rappelait le bourreau qui emmène un condamné à l'échafaud ! Puis le supplice commençait. La Sœur nous demandait de nous allonger sur le ventre et de baisser légèrement notre slip : on était alors complètement tétanisé et on claquait encore plus des fesses que des dents ! Elle passait alors sur la fesse choisie un coton d'alcool à 90 °, dont le froid nous tétanisait. Elle nous demandait alors de tousser (pour nous décontracter !), et soudain, en plein milieu d'une toux crispée, elle nous plantait l'aiguille dans la fesse. Nous tentions alors de pousser un cri pendant que la Sœur s'attaquait à la deuxième phase de son œuvre diabolique, qui consistait à visser la seringue sur l'aiguille plantée en pleine fesse. Une fois l'aiguille amarrée à la seringue,  un cri encore plus fort tentait alors de sortir de notre gorge pendant que la Sœur nous injectait l'infâme liquide ! Puis elle retirait enfin l'aiguille en nous tapotant la fesse meurtrie avec le coton d'alcool.
    A bout de force et hagards, nous entendions alors la Sœur nous dire, en nous tapotant la fesse : "très bien, bonne nuit ... et à demain !".
    Le traitement était efficace et au bout d'une semaine de piqûres, nous étions en pleine forme, mais avions les fesses tellement meurtries que nous ne pouvions plus nous allonger sur le dos pendant un mois !