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pêche

  • La pêche à la ligne

    En été, pendant les vacances scolaires, nous allions souvent, mon frère et moi, pêcher à la ligne dans les mares d'une vielle ferme abandonnée, à quelques kilomètres de chez nous. Nous partions à vélo, en début d'après-midi, avec nos cannes à pêche et de nos appâts. Ces appâts se composaient souvent d'une ou deux pommes de terre cuites et de quelques vers de terre, récupérés dans le jardin. Arrivés sur place, nous nous installions autour d'une mare, au milieu des vaches, des oiseaux et de quelques couleuvres que nous rencontrions parfois. C'était des après-midi de bonheur, surtout quand les carpes avaient le bon goût de mordre à nos hameçons : nous rentrions alors dans la soirée, fiers de notre pêche et du bon repas qu'elle allait nous procurer. Nous pêchions aussi parfois les grenouilles, mais la façon de les attraper me semblait si cruelle, que j'ai vite abandonné ce genre de pêche : nous accrochions en effet un morceau de tissu rouge au bout de l'hameçon, que nous agitions ensuite devant la grenouille; elle happait alors goulûment le tissu et il suffisait de ferrer d'un geste vif et sec pour attraper l'animal, qui se débattait dans l'herbe, avec l'hameçon accroché dans la lèvre, ou plus profondément dans la gorge si la bête avait été trop gourmande. De retour à la maison, il fallait les tuer et ensuite les couper en deux avec un ciseau au niveau de l'abdomen pour pouvoir récupérer les cuisses des pauvres bêtes. La maigre pitance que nous avions dans notre assiette par rapport au nombre de grenouilles attrapées nous a rapidement éloigné de ce genre de pêche.
    En été, et particulièrement le 14 juillet, jour de notre fête nationale, nous partions pêcher avec notre père : on se levait à 4 heures du matin, on préparait les sandwichs aux rillettes ou jambon beurre. En arrivant sur notre lieu de pêche, vers 5 heures du matin, il faisant encore nuit et nous voyions poindre progressivement le soleil rouge de juillet, à l'orée des champs. Il faisait bon, pas encore trop chaud et la nature se réveillait progressivement : c'était des moments de bonheur inoubliables. Vers 8 heures du matin, c'était le cérémonial tant attendu du casse-croûte : on dégustait nos sandwichs en buvant du cidre frais, car mon père prenait toujours soin de plonger la bouteille de cidre bouché dans l'eau de la mare. Vers midi, nous partions, fatigués mais heureux de notre pêche et de ces moments de plénitude et de paix.